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Génération Palestine
1 décembre 2006

L'Apartheid interdit aux Palestiniens de se déplacer dans des voitures israéliennes

Par Amira Hass
Article paru le 23 novembre dernier dans Haaretz

Le commandement central de l'OC, Yair Naveh, a lancé une bombe en début de semaine. Il a signé un ordre interdisant aux citoyens israéliens de prendre des passagers palestiniens dans leurs véhicules israéliens en Cisjordanie.
L'ordre entrera en vigueur le 19 janvier 2007 et il exempte ceux qui prennent des Palestiniens avec des permis d'entrée en Israel et dans les colonies, ou ceux qui emmènent des parents proches.

La raison du nouvel ordre, comme indiqué dans l'annonce du porte-parole de l'IDF, est naturellement, la sécurité : pour empêcher ceux qui veulent "commettre des attaques terroristes sur les premières lignes de l'état d'Israel et dans les régions de Judée, Samarie (Ndt : Cisjordanie) et la Vallée du Jourdain."

Par conséquent, l'ordre ressemble à une déclaration habituelle de l'IDF dont l'objectif est "l'autodéfense", mais dans la pratique, c'est un autre composant du régime de séparation nationale et ethnique qui existe en Cisjordanie, un régime de privilèges pour la minorité juive des colons, aux dépens des droits nationaux et individuels des Palestiniens.

Comme d'autres ordres militaires et lois de la Knesset, qui sont habilement masqués sous couvert de l'argument de sécurité, cet ordre est aussi une bombe à fragmentation qui continuera à détruire les dernières chances d'établir des relations pacifiques savec les Palestiniens.

L'argument de sécurité satisfera la grande majorité des Israéliens, tout comme ils se satisfont de l'explication de la sécurité pour les centaines de routes fermées et les dizaines (ndt : 520) checkpoints de l'armée à l'intérieur de la Cisjordanie.

Le fait que ceux-ci limitent énormément la mobilité et séparent un village de ses terres, un village des autres, un village d'une ville, et un secteur des autres, c'est-à-dire, qu'ils perturbent la vie normale qu'il est encore possible de maintenir sous le régime d'occupation israélienne, n'a jamais découragé les commandants de l'armée qui ont formulé ces ordres, n'a jamais arrêté les juges de la Cour Suprème qui ont approuvé et continuent d'approuver les ordres, et n'a jamais tracassé les députés du Parti Travailliste.

La majeure partie du public israélien n'est également pas préoccupée par le fait que ce soit précisément les checkpoints et les barrages routiers qui servent la politique israélienne de colonisation ; ils dissèquent la Cisjordanie occupée en de petites enclaves isolées où vivent les Palestiniens, cernés par un océan de colonies et de contiguïté territoriale juive.

L'interdiction prohibant aux Israéliens de prendre des passagers palestiniens dans des leurs voitures en Cisjordanie fait partie du régime de "séparation de circulation" qu'Israel a créé en Cisjordanie.

L'interdiction complète un autre ordre qui empêche les Palestiniens possédant des permis d'entrée en Israel d'utiliser les points de passage entre la Cisjordanie et Israel que franchissent les Israéliens. Les Palestiniens ont des points de passage séparés.

L'interdiction s'ajoute aux deux systèmes des routes séparées que l'establishment de la sécurité continue à construire sans entrave en Cisjordanie : une route pour les colons juifs et leurs relations (et, par accident, pour les adversaires de l'occupation et les Arabes israéliens, puisqu'aucun ordre contre leur utilisation n'a encore été publié) et une autre pour les Palestiniens.
L'une est large, éclairée, sécurisé et permet des déplacements rapides et brefs.
L'autre est étroite, épuisante, pas toujours goudronnée et pleine de checkpoints qui rendent le voyage lent et long.

C'est la hiérarchie qui est, en effet, incluse dans "l'entreprise de la colonisation" : une infrastructure perfectionnée et une expansion et un développement constants pour les résidants juifs, par opposition à une diminution de l'espace et un frein à leur développement pour les Palestiniens.

Le nouvel ordre fait suite à un ordre qui empêche déjà tous les Palestiniens de se déplacer et de rester dans la Vallée du Jourdain, soit un tiers de la Cisjordanie, et la politique de "différentiation" qu'utilise fréquemment Naveh : une large interdiction à tous les résidants du nord de la Cisjordanie, ou aussi à ceux qui ont entre 16 et 35 ans, de voyager vers le Sud de la Cisjordanie.

Ce vol de temps et d'espace fait aux Palestiniens est essentiel pour garantir que "leur développement séparé" sera toujours largement derrière le développement des juifs, stagnera à un niveau de piteuse existence inférieure et dégradante.

Le nouvel ordre ne gênera pas des "éléments terroristes" de s'associer avec des voleurs de voiture ayant une bonne connaissance des chemins cachés du pays, qui s'infiltrent en Cisjordanie dans des véhicules israéliens volés ; cela le les empêchera pas de poser des plaques d'immatriculation israéliennes volées à leurs voitures, de falsilfier des documents, de s'habiller comme des Israéliens ou d'enlever des Israéliens.

Le véritable objectif de l'ordre est de s'attaquer à des cibles civiles, des cibles pacifistes.

L'interdiction faite aux Israéliens d'emmener des Palestiniens dans leurs voitures affecte les droits des Israéliens (les juifs et les non-juifs) qui ont des amis palestiniens : ils ne pourront pas voyager ensemble en Cisjordanie, rendre visite à des amis ensemble, les aider à aller plus rapidement chez un docteur, dans leur maison ou dans leurs oliveraies.


L'interdiction affecte tous les groupes israéliens déterminés à travailler contre l'occupation :Mahsom Watch, Yesh Din, les Activistes Contre la Barrière de Séparation, les Rabbins pour les Droits de l'Homme, Ta’ayush, le Comité Contre les Démolitions de Maisons.

Elle affecte également des groupes des Droits de l'Homme comme Hamoked - le Centre pour la Defense des Individus, B’Tselem, et l'Association pour les Droits Civils.

Les activistes de toutes les organisations et mouvements ci-dessus rencontrent des Palestiniens, voyagent avec eux et lient des amitiés avec eux.

Dans leurs réunions et leurs déplacements communs sur les routes de Cisjordanie, ils servent à rappeler aux Palestiniens qu'il y a des Israéliens qui ne sont pas des soldats et des colons, qu'il y a des Israéliens qui s'opposent au régime des privilèges et que donc, il y a peut-être un espoir pour une solution politique juste.

L'ordre de Naveh, s'il n'est pas annulé à temps, laissera d'innombrables petites bombes à fragmentation qui exploseront et altéreront cet espoir.

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